Le mouvement artistique des Seiz Breur.

Musée-Saint-Nazaire Villa Bretonne les Seiz Breur

Saint-Nazaire et les Seiz Breur

L’un de ses fondateurs des Seiz Breur est le Nazairien, artiste et ethnologue René-Yves Creston, qui, avec une activité militante débordante, une créativité foisonnante et un grand sens des relations publiques va être la figure de proue du mouvement. En 1925, un autre Nazairien, l’architecte Georges Dommée, va avoir un rôle important dans la conception des plans du pavillon breton des Seiz Breur à l’exposition des arts décoratifs.. 


Mouvement Artistique des Seiz Breur


En 1926, Creston est rejoint par un autre jeune étudiant nazairien, un architecte prometteur, André Batillat. Ce dernier va jouer un rôle important, voir central, dans la cohésion du groupe dans les moments de doutes et de tensions qui vont traverser les Seiz Breur (1923-1947). 

Musée-Saint-Nazaire mouvement des Seiz Breur

Rayonnement des Seiz Breur.


Nos deux Nazairiens vont se lier d’une profonde amitié qui durera jusqu’à la fin de leur vie. Creston était très admiratif du travail de Batillat, tout particulièrement son inventivité et sa créativité en matière de décoration d’intérieur, notamment pour ses salles de bain. 


Musée-Saint-Nazaire mouvement des Seiz Breur
Musée-Saint-Nazaire Villa Bretonne les Seiz Breur

Un autre Seiz Breur, l’ébéniste Gaston  Sébilleau, même si il est originaire de Saint-Brieuc, va être très important dans le rayonnement des Seiz Breur dans la cité navale et la presqu’ile guérandaise. Dans son activité professionnelle, avec son atelier de Redon et son magasin de la Baule, il va former avec Creston et Batillat une équipe très active et féconde. En raison de l’importance de leur clientèle dans la station bauloise, ils envisageront même d’y créer une maison-vitrine des Seiz Breur dans l’esprit du Bauhaus. Faute de financement ce projet sera vite abandonné. 


Saint-Nazaire fonctionne alors comme un écosystème au service des activités des Seiz Breur avec une bienveillance active au niveau institutionnel local. A commencer par la municipalité socialiste de François Blancho qui sera toujours présente pour soutenir sur le plan collectif les activités des Seiz Breur avec sept expositions organisées dans la ville, un soutien financier comme pour le projet du pavillon breton de l’Exposition Universelle de 1937 ainsi que des commandes régulières à Creston et Batillat. René-Yves Creston, issu d’une vieille famille nazairienne,  bénéficie également d’un réseau de soutien, notamment pour des commandes, à la Chambre de Commerce, aux chantiers navals de Penhoet et dans le monde portuaire. Il a aussi de solides amitiés dans les milieux politiques et syndicaux liés au courant socialistes. La notoriété de Creston est intimement liée aux élites nazairiennes qui le lancent à ses débuts.


Dans cet environnement local où sont magnifiés le travail manuel et les innovations techniques sa démarche artistique ne pouvait que trouver un large écho. Il faut aussi garder à l’esprit la présence à Saint-Nazaire et sur la côte d’une bourgeoisie aisée et d’une clientèle en villégiature qui s’intéressent aux arts décoratifs et à la démarche de ce mouvement montant des Seiz Breur. Si la cité navale a été un point d’ancrage important pour les Seiz Breur, elle a été aussi comme une matrice du mouvement par sa synthèse entre la modernité incarnée par son industrie navale et la prégnance de la force de l’identité bretonne locale. 


La rencontre, en compagnie de son épouse Suzanne Candré, lors de ses études aux Beaux Arts de Paris, d’autres étudiants, à commencer par Jeanne Malivel, va structurer et solidifier ses pensées profondes dans l’émergence d’une création bretonne moderne basée sur les arts et traditions populaires s’inscrivant dans un mouvement international. Sa découverte très jeune du monde des travailleurs avec les professionnels du port: dockers, pilotes, lamaneurs, grutiers, éclusiers-pontiers, ainsi que les travailleurs de la navale participe à sa formation d’artiste du monde du travail. A travers un rendu quasi photographique de ses dessins, peinture et gravures on perçoit l’ethnologue en devenir. La Brière qui touche Saint-Nazaire va être une autre source d’inspiration de Creston, à la fois artistique et ethnologique. On remarque dans son travail sur la Brière et ses habitants les très belles gravures sur bois de la réédition du roman «La Brière» d’Alphonse de Châteaubriant. Une planche illustre la brutalisation du monstre industriel en plein marais avec les hauts fourneaux des forges de Trignac avec ses cheminées crachant leurs fumées. 



De nos jours, peu d’œuvres importantes des Seiz Breur sont encore visibles dans la cité navale, mis à part deux grands bâtiments des années 1930 de l’architecte Batillat: l’actuel conservatoire de musique et l’école d’infirmière. Quelques villas de Batillat se laisse découvrir à travers la ville comme l’unique exemplaire de son projet de pavillon Ti Sin-Fein construit rue Jean Macé dans les années 1930. L’Écomusée possède l’essentiel des travaux de Creston sur la construction du paquebot Normandie: carnets de croquis, dessins, peintures et gravures. Lors de la Reconstruction, la Ville confia à Creston les plans d’ensemble des vitraux de l’église de Saint-Nazaire, sur le thème de «L’Aube». La colorisation très réussie de ces grands vitraux est magnifiée par les rayons du soleil. On lui doit également la conception de deux vitraux où sont mis à l’honneur les travailleurs de la navale lors de la construction du Normandie. 


Dans les années 1960, la municipalité va commander deux œuvres au sculpteur membre des Seiz Breur, Jean Mazuet. Deux sculptures de l’artiste sont toujours visibles à l’école Léon Blum et à Trelan près de l’école Pierre et Marie Curie. En 1956, il avait livré l’autel de l’église de Saint-Nazaire fortement inspiré par la construction navale. La dernière œuvre nazairienne de l’artiste, créée au début des années 70, se trouve à Trelan à coté de l’ancien site du collège Manon Roland. Depuis la destruction du collège cette œuvre en forme de totem semble en pénitence au fond d’une rue. 

Source Hubert Chemereau