Commandos Bretons dans les camps de prisonniers.

Musée-Saint-Nazaire

Les Commandos Bretons dans les camps de prisonniers. Partis du camp de transit de Savenay, ils furent acheminés  à Sandbostel ( Stalag X B -septembre 40), puis  vers Fallingbostel  ( Stalag XI B  fin septembre )  pour être de nouveau redirigés à Dettum dans une sucrerie ( d’octobre 1940 à avril 1941 ) , puis à Brunswcik  (  Komando de travaux publics, site de Bolweg, d’avril 1941 à mars 1943) et enfin  à Sagan en Silésie ( Stalag VIII C de mars 43 à juillet 43 ) où les 200 français environ étaient regroupés avec d’autres prisonniers de différents pays ( russes, serbes, polonais…).

La journée de travail commençait de  6 h à 18 h le jour et inversement la nuit, consistait selon les affectations, au nettoyage des betteraves ou au chantier de ferraille ou encore dans les travaux publics. ils étaient encadrés par des contremaîtres civils et surveillés par des soldats allemands.

Parmi ces prisonniers , un certain Mauxion de Nantes, écrivit avec humour une chansonnette relatant en quoi consistait  le travail  des betteraves, sur un air enjoué de la chanson  » crime de la rue de Suffren « . ils étaient encadrés par un contremaître surnommé  » Médor  » et le camp  sous la responsabilité  de’ l’oberst Lefevre ( colonel ). nom à consonnance française pouvant remonter au niveau de ses aïeux protestants chassés de France  sous Louis XIV vers 1685 (?)

Musée-Saint-Nazaire.bzh les bretons dans les camps de prisonniers
En haut > Komando de travaux publics à Brunswick le 24 juin 1942.
En bas > chambrée de Pierre Chauveau le 07.09 2942 komando de travaux publics Brunswick

Les commodités

Dans ce Stalag les commodités  étaient dotées de sièges modernes avec chasse d’eau, alignés sur deux rangées face à face, distant de 1,5m. le papier n’étant pas prévu ils vivaient sur leur réserve en économisant le plus possible.

l’Ordinaire

Cependant; « leurs ordinaires » pouvaient être  complétés de différents manières :Quoique  que les allemands soient un peu mieux lotis  mais sans plus, le repas était sommaire,  le soir par exemple : soupe  ou ragout sans viande avec des légumes et servis  en quantité par une seule louche et  une tranche de pain avec de la chair à saucisse 

les colis  Pétain » arrivaient au fil des mois (plusieurs  barres de chocolat, 200 biscuits, conserves, cigarettes …)

Les colis personnels de certaines  familles  commencèrent à arriver au printemps 41, (conserves, sucre, gâteaux… et même une fois un  jambon entier ),  » épluchés en détail  » par les allemands qui confisquaient l’alcool ( interdit dans  le règlement ).  Les prisonniers se regroupant par affinités,  partageaient  souvent leurs colis le dimanche soir en concoctant avec des haricots, bouts de lard , un cassoulet cuit sur le poêle de la chambrée de 20 lits,  ou encore en économisant de la margarine pour faire des frites avec des patates … à  la grande surprise des allemands qui les mangeaient froides ; il arrivait même que certains contremaîtres venaient à ces moments là, pour apprendre à préparer une omelette aux pommes de terre cuites.

Musée-Saint-Nazaire kommandos Bretons dans les stalags

La ‘rapine’  au petit jour ou le soir dans les champs avoisinant comme sur le chantier de ferraille de la  Place par exemple : ils se mettaient à 4 pattes dans les sillons pour ramener des tubercules dans leurs musettes, pendant que d’autres occupaient les surveillants. Un certain Maury réussit même à ramener un sac de patates entier. D’autres ramassaient des pommes dans un verger…où Pierre Chauveau fut  pris en flagrant délit par le propriétaire, qui l’a houspillé, en lui faisant comprendre qu’il  n’était pas bien de les voler à un petit ouvrier comme lui, alors que dans le champ d’à côté, le propriétaire  Karl  Schaar était  P.D.G. un grand « kapitalist « 

La coopérative de camp

Les prisonniers percevaient des  » marks de camp  »   qui ne servaient qu’acheter à la coopérative divers objets  du quotidien comme par exemple  des produits d’hygiène,  peignes, brosses à dents,  savons ou autres objets  divers.

Musée-Saint-Nazaire Stalag

La santé

 Les soins  quoique rudimentaires dans les Kommandos , étaient assurés par un camarade infirmier qui se chargeait le soir  des petits bobos ( furoncles et autres  )  ou par un apprenti médecin français qui assurait dans un « lazarett  » de la ville,  des soins plus importants (prisonniers conduits par un gardien le matin).

Concernant les maux de dents , la règle était  le plus souvent de les arracher systématiquement  par le dentiste de la ville, qui accueillait les prisonniers dans la salle d’attente avec la population civile. Pour les  cas les plus graves, ils pouvaient être amenés à l’hôpital le plus proche comme à Sagan.

Le maintien des liens familiaux et les nouvelle du front.

 les premiers courriers arrivèrent  dès la fin 40 pour Noël avec  le délai d’acheminement de 1 à 2 mois. Les prisonniers étaient autorisés à envoyer  2 cartes par mois comportant une réponse, leurs permettant d’avoir des nouvelles de leur famille. Ils apprirent par un de  leur camarade en captivité  en Silésie  dans un « oflag » en juin 41, la libération de tous les marins  » Darlan « .

Musée-Saint-Nazaire courrier prisonnier breton

Certains même pour avoir des  « nouvelles  interdites » sur l’évolution du front , avaient mis en place un double fond  sur des pots rillettes ou autres à la barbe des surveillants.

Un autre canal avait pu être mis en place également  via une radio suisse, qui permettait d’informer  les avancées des Généraux  Leclerc,  Delattre ,Juin… et par le bouche à oreille.

Pour ceux qui le souhaitaient , une première messe, eut lieu par un prêtre allemand en avril 41 pour les « Pâques » dans une église en ville, surveillés par des sentinelles armées et restées en arrière. Une absolution collective leur fut donnée en raison de la barrière de la langue. Avec l’arrivée par la suite d’un aumonier du nom de  Cacheux, des messes furent célébrées régulièrement dans une chambre  du  Stalag…libérée par ceux qui ne voulaient pas y assister.

Pour éviter toute tentative  de liaison éventuelle avec » la gente » féminine allemande , rappel était fait du règlement  interdisant d’approcher  de loin ou de près, femmes et  filles allemandes  sous peine de mort qui pouvait être prononcée.

Mais malgré tout, un prisonnier  d’une chambrée voisine s’y risqua et put avoir une relation avec une polonaise sans se faire prendre, en se frayant un passage sous les barbelés par tout temps jusqu’à -20 degrés.

les activités culturelles

nom du komando : Olomore 43 a Sagan Silésie 

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Artistes prisonniers d’un komando à Sagan en Silésie 1943

Au delà  des lectures, chants, jeux de carte…quasi inexistants  au début de leur emprisonnement, les français créèrent une troupe musicale  pour se divertir du quotidien les jours non travaillés  au camp de Brunswick. En se cotisant  sur les « marks de camp « , ceux-ci purent acheter auprès du « gefreiter  »  Bergman ( caporal )  un accordéon piano.

En  monnayant  les marks camp sans savoir comment en ville : s’en suivit  la création de chansonnettes  comme elle-ci : « dans les bals musette de Paris », « tout comme dans un  vrai paradis », « on danse sans chichis sans façon », « charmé par le doux son d’un bel accordéon », que ce soit  la bouscat ou bien la java ou le tourbillon, « passons la monnaie ».

S’en suivirent d’autres chansons comme  » la rue de Lappe  » de la  » bastille « ou encore  » la place blanche  à la Vilette « .. repris en chœur lors de la corvée des pluches ou encore dans le couloir central.

Des camarades plus favorisés, montèrent un théâtre et invitèrent  en matinée le dimanche matin d’autres  Komandos  voisins, encadrés par  les  » anges gardiens »  qui demandèrent à leur tour de chanter pour eux.

Alors « un des bretons eut l’idée de chanter    » ah c’qu’on s’emm .. ici..ah c’qu’on s’en mm..ici …repris  en chœur par les soldats allemands comme une chanson de marche  dans les rues de la ville devant  les » brunswigois », ébahis de voir des prisonniers   » heureux « . 

Par la suite  une revue intitulée  » ça colle à bord  » un peu comme une revue de music-hall avec costumes confectionnés avec les moyens du bord ou subtilisés dans des fabriques, chantiers. Puis une autre pièce intitulée « un client sérieux  » de  Courteline… avec  récupération d’un  saxophone, banjo, clarinette et une batterie confectionnée sur place.

Une pièce fut donnée  la nuit de noël donnant un air de fête …malgré les vicissitudes par une dernière chanson :*sous l’air  de la trompette en bois :  Si nous avons su vous distraire, Applaudissez, applaudissez, car notre effort était sincère, nous voulions vous mettre en gaieté, et si nous avons réussis … c’est notre espoir de sortie pour certains le dimanche, nous vous disons chers amis à la prochaine et bonsoir

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Bruno CIDÈRE

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